Politique de bilan des banques centrales et stagnation séculaire : réflexions autour de Wicksell et Keynes

Emmanuel Carré
Maître de Conférences à l’Université de Bretagne-Sud emmanuel.carre@univ-ubs.fr

Résumé

Les politiques monétaires non conventionnelles de la Banque Centrale Européenne, souvent qualifiées de politique de bilan, sont généralement traitées dans la littérature selon une approche néo-wicksellienne basée sur le taux d’intérêt réel naturel. L’article présente cette approche néo-wicksellienne, ainsi que ses limites. En particulier, il est proposé l’idée que cette approche maintient la politique monétaire dans une perspective de court-moyen terme de politique de stabilisation conjoncturelle ne permettant pas d’intégrer de manière parfaitement adéquate des problématiques de moyen terme et structurelles, comme la stagnation séculaire, mises en évidence par la crise. L’article développe une approche d’inspiration keynésienne des politiques de bilan de la Banque Centrale Européenne permettant notamment de tenir compte de problèmes structurels de l’économie européenne comme la stagnation séculaire et la transition écologique ; mais aussi les questions de demande, de redistribution et d’inégalités qui ont aussi été présentés comme étant à l’origine de la crise. La finalité ultime de cette approche d’inspiration keynésienne des politiques de bilan est de contribuer à la sortie de la crise actuelle, et tenter de prévenir les crises futures.

Codes JEL : E12, E25, E52, E58

Mots clefs : politique de bilan, stagnation séculaire, taux naturel, demande, redistribution, inégalités, transition écologique