La mathématisation de l’économie théorique et appliquée est un phénomène devenu tellement prégnant que l’on a du mal à imaginer la résistance récurrente qui lui fut jadis et naguère opposée et à discerner les facteurs de la dynamique qui lui a permis de finalement s’imposer. La parution opportune de l’ouvrage Mathématiques et économie : Une approche historique de Francis Bismans et Maria do Rosário Grossinho devrait contribuer à une meilleure compréhension de ce phénomène, qui se dérobe dans son essence autant qu’il s’étale dans son apparence.
Le livre se lit d’un trait, ce qui étonne compte tenu de sa taille (plus de 300 pages) et surtout de la technicité du sujet. Cette technicité est maintenue adroitement sous contrôle, de manière à rendre la lecture fluide sans trop refouler le coeur des développements. Les auteurs ont par ailleurs résisté à la tentation de l’exhaustivité, qui aurait rendu le texte aisément indigeste. L’équilibre atteint est remarquable, sans naturellement être parfait.