L’euro-dilemme

Francis Bismans
BETA, Université de Lorraine, France
COEF, Université Nelson Mandela, Afrique du Sud
Francis.Biesmans@univ-lorraine.fr

L’euro est une « monnaie politique ». S’il en est ainsi, c’est parce que sa naissance est directement liée à un compromis franco-allemand. Plus précisément, la France de Mitterrand acceptait la réunification de l’Allemagne moyennant l’accord de cette dernière sur l’introduction de l’euro. Ce que le président français avait en tête, c’était aussi, bien sûr, d’arrimer solidement la nouvelle Allemagne à l’Europe. Mais ce n’était pas tout, car dans le marchandage, celle-ci obtenait de surcroît deux « compensations » significatives :

1. Elle imposait une discipline budgétaire stricte à tous les pays participant à l’euro via les deux fameux critères dits de convergence : d’une part, le déficit public devait être inférieur à 3% du Produit Intérieur Brut (PIB); d’autre part, l’endettement public total ne pouvait excéder 60% de ce même PIB.

2. Une banque centrale était créée (la BCE ou Banque Centrale Européenne), totalement indépendante des gouvernements et avec comme seul objectif la stabilité des prix, définie comme une inflation égale à 2% annuellement.

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que pratiquement rien n’ait été retenu de ce que l’économie politique – pour reprendre un terme un peu vieilli – avait produit de mieux en matière d’analyse des processus d’unification monétaire : la théorie des zones monétaires optimales et celle de la politique macroéconomique.