La BCE dans l’aventure des taux négatifs : la NIRP

Christian Bordes

Professeur honoraire des Universités, France bordes.christian@wanadoo.fr

« Aventure : Entreprise remarquable par le grand nombre de ses difficultés et l’incertitude de son aboutissement »

(Dictionnaire du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales)

Résumé : La BCE a été la première des banques centrales du G4 à faire entrer, en juin 2014, son taux d’intérêt en territoire négatif (NIRP, Negative Interest Rate Policy). Dans l’arsenal utilisé, cette mesure est la plus controversée. Cet article vise à dresser un panorama de la NIRP. Son adoption marque, fin 2014 – début 2015, le passage de l’action de la BCE à une politique monétaire véritablement non conventionnelle. Elle témoigne d’une nouvelle stratégie d’assouplissement monétaire, bien plus radicale, où la NIRP compose, avec le « guidage prospectif » et un programme d’achats d’actifs, un triptyque destiné à stopper une spirale déflationniste. Ses mécanismes de transmission et ses effets attendus sont discutés à la lumière de la théorie et des expériences précédentes, en Suède et au Danemark. Puis, un bilan d’étape est proposé, au regard de l’objectif poursuivi tout en s’interrogeant sur ses effets controversés, notamment pour le système bancaire de la zone euro. Enfin, les principaux enseignements de cette véritable aventure en terres inconnues sont tirés et les difficultés pour en sortir évoquées.

mots-clés : politique monétaire, les banques centrales et leurs politiques, études d’épisodes de politique économique particuliers.

Jel Classification : E52, E58, E65.

DOI: https://doi.org/10.18559/RIELF.2020.1.1